photo de couverture et photos de chapitres: Jean-Marc Angelini (sauf mention contraire)
Jean-Louis Layrac, né à Nice, commence très jeune sa carrière de comédien à la radio et au théâtre d’essai de Monte-Carlo dont le président est à l’époque Marcel Pagnol.
Par la suite, il partage ses activités professionnelles entre le théâtre dramatique, l’opérette, les récitals d’humour, poésie, mélodies, l’écriture et la formation d’acteurs et d’animateurs culturels.
Il a écrit de nombreuses chroniques, des nouvelles, des contes et des billets d’humeur et d’humour.
Il est l’auteur de plusieurs recueils dont « Histoires bleues » et « Pleins et déliés » ainsi que d’un ouvrage de souvenirs et de réflexions « Et maintenant, je flâne ».
Il avait récemment publié une plaquette de fantaisies burlesques « Fausses Maigres et Petits Vauriens » qui a donné son nom à ce site.
Le 24 novembre 2017, Jean Louis a décidé d’aller voir ailleurs si le Chardonnay était meilleur, le foie gras plus suave, le Sabayon plus onctueux.
Le Héron est là, les poissons volants ont suspendu leur vol, la moutarde s’est adoucie, Mademoiselle Heurtebise a interrompu son ouvrage, tous les ventres désormais sont amis avec le vent, même Marmouset s’est installé là sur une chaise tranquille !
Et pour contribuer à ce concert, nous vous invitons à aller, Ô magie du numérique, (re)découvrir toutes les Fausses maigres et tous les Petits Vauriens ici même !
Chapeau l’artiste !!
POURQUOI » FAUSSES MAIGRES ET PETITS VAURIENS » ?
L’explication de Jean-Louis est la suivante :
André Birabeau, feuilletoniste réputé et auteur dramatique à succès, qui fut l’un de mes maîtres, écrivait en 1946, en exergue à l’un de ses ouvrages dont le titre était » Fausses Maigres » » Les lecteurs bienveillants et fidèles de ces petites histoires m’ont fait croire que, malgré leur taille mince et leur pas léger, ce ne sont peut-être que de fausses maigres… »
Quant aux petits vauriens, ils ne sont, cela va de soi, que les turbulents garnements des fausses maigres.
La présentation du concept en vidéo, reportage de Natalia Florescu Vence Info Mag
Signe particulier: néant
Très vite, Frédégonde s’était repliée sur elle-même.
Au point de se refermer complètement.
On la chercha vainement, sans jamais la trouver.
Finalement, il fallut bien se rendre à l’évidence :
elle s’était si totalement refermée qu’elle avait complètement disparu.
Et ce fut quand elle mourut qu’on s’aperçut qu’elle n’avait jamais existé.
Le Palais des Auges
Mademoiselle Turlure est une vache de la race d’Abondance.
Elle passe le plus clair de son temps avachie derrière son oeil de boeuf, ses oreilles de porc en éventail et son cornet acoustique dans les trompes d’Eustache.
Le peu ragoûtant personnage gagne grassement son bifteck en ruminant ses ragots indigestes avant de les vendre aux plus répugnants maîtres-chanteurs de la presse à scandales.
La tramontane
Cardepoule a perdu la tramontane. Il guette le moindre courant d’air dans l’espoir de retrouver un peu d’équilibre. On le bourre de vol au vent, mais sans succès. Quand on lui tape sur le ventre, il résonne comme un tambour, comme s’il était plein de vide. L’ennui, c’est que loin d’une amélioration, le malheureux commence à souffrir d’aérophagie. On a peur qu’un de ces quatre matins, il ne s’élève dans les airs comme une montgolfière. Cela risque de faire rire les oiseaux. De plus, il a le souffle court, je ne vous dis que ça. li respire comme un crapaud qui croasse. C’est à la fois pitoyable et cocasse. Il se trouve toujours des rieurs pour se moquer du malheur des autres. Quelques bonnes âmes l’incitent à solliciter un pupitre de trombone à la fanfare municipale. S’il suit leur conseil, encore des couacs en perspective. Le chef ne va plus savoir à quel son se vouer. Comme il n’y a plus un souffle d’air dans le jardin de l’infortuné, les feuilles mortes se ramassent à la pelle.
Chambres à dormir debout
Lorsqu’il voyage, Octogine ne descend plus que dans des hôtels louant des chambres à dormir debout. Cela lui permet de ne pas avoir à changer ses habitudes. Car il a mis au point depuis longtemps déjà une méthode qui consiste à ne s’endormir qu’en position d’arbre droit, mains au sol, pieds au mur. Ainsi, dès qu’il s’éveille au petit matin, il voit le monde à l’envers. Il prétend que c’est meilleur pour le moral.
De fil en aiguille
A quoi tiennent les choses ! Si Chimène n’avait pas rencontré Rodrigue, Don Gomès ne serait sans doute pas mort de mort violente, et du même coup, des milliers de petits cancres à travers les siècles auraient pu passer tranquillement quelques heures de plus à bayer aux corneilles.
Potins de salon de coiffure
Un cheveu sur la langue et un poil dans la main font rarement un excellent coiffeur.
D’après de récentes statistiques publiées au journal officiel, un chauve qui se fait des cheveux pour un oui pour un non n’a aucune chance de voir un beau matin son crâne regarni en passant devant un miroir, mais par les temps qui courent, il peut très bien comme beaucoup d’autres se retrouver à poil du jour au lendemain.
Sachez enfin qu’il vaut nettement mieux se faire raser le crâne plutôt que passer son temps à se faire inutilement des cheveux ou encore de se couper certains poils en quatre.
_____ Ecologie ______
Lafeuille se livre constamment à des actes pour le moins excentriques. Dans le but de faire des économies, il a imaginé un moyen lui permettant de ne plus avoir à donner d’étrennes aux éboueurs à la fin de l’année. Il a acheté un cheval. Et ainsi, chaque matin, dès l’aube, il l’enfourche pour apporter sa poubelle à la décharge. Au retour, il vend le crottin aux écolos des environs. Ainsi non seulement fait-il des économies, mais aussi des bénéfices. L’ennui, c’est que dès quatre heures, il commence à seller l’animal. Cela fait un de ces foins. Grand remue-ménage aux abords de chez lui. D’autant plus que, sous le prétexte qu’il aime les bêtes, il a appris à hennir pour communiquer avec son bourrin. Il faut dire d’ailleurs qu’il hennit avec une certaine distinction. Quoi qu’il en soit, dès leur réveil, ils hennissent comme quatre. Surtout que son cheval est en réalité une jument, bavarde comme une pie. Désormais, lui et tous les siens ne s’expriment plus qu’en langage-cheval. Quand il leur arrive de se disputer, cela donne lieu à un tintamarre assourdissant. On se croirait dans un haras.
Quelques écolos commencent à montrer les dents. Ils émettent de vives critiques sur le fait qu’on rabaisse la plus noble conquête de l’homme au rang de benne à ordures. Certains même en sont verts de rage.
Lafeuille, lui, prend des cours d’équitation pour asseoir son équilibre. Mais reste à savoir si cela lui servira à quelque chose.
Brèves de conteur
Pour être franc
Depuis que le monde est monde, nul doute que personne n’a jamais pu voir un individu qui, même en se livrant à d’invraisemblables et interminables contorsions, aurait regardé quelqu’un droit dans les yeux tout en lui faisant un enfant dans le dos.
Quoi de neuf à l’horizon?
Cette pauvre Marie-Salope passe le plus clair de son temps à vendre au rabais tous les lapins que de sombres lovelaces de rencontre lui ont posés au cours de sa triste vie.
Souvent, juste retour des choses, nombre d’entre eux ne trouvent plus rien à se mettre sous la dent, quand par hasard il leur en reste une.
La ronde autour du monde…
Si tous les baisés du monde voulaient bien se donner la main… etc. (air connu).
Les mouchoirs
La vendeuse à un client qui désire faire un présent à sa compagne :“ Non, ces mouchoirs sont plutôt pour les hommes, Monsieur, ils sont faits pour le nez. Mais ceux-là sont faits pour les yeux.”
Le petit oiseau
Allons, ne bougez plus, Berthe, le petite oiseau va sortir.
Asinus
C’est bien connu avec l’âge, les oreilles s’allongent.
Notamment pour entendre proférer des inepties par de nombreux imbéciles qui affirment sans rire que l’âne est un animal stupide.
Où donc ?
Mais où donc avez-vous vu que ne pas être né de la dernière pluie empêchait d’avoir des coups de foudre ?
Et si…
Vu la puanteur abominable qui stagne partout sur le monde, on pourrait peut-être rendre obligatoire pour tous l’installation de détecteur de fumier. Qu’en pensez-vous, Candide ?
A la réflexion…
– Oh ! voyez-vous, Chronos, ce n’est pas tellement de vieillir qui m’ennuie…
– C’est quoi, alors ?
– Eh ! c’est de ne plus être jeune…
L’exposition universelle
Et l’autre, perplexe, de se demander si c’est de l’art ou du cochon.
Prière
Je crois que je ne crois plus en vous, mon Dieu… mais si vous saviez comme cela m’est difficile…
Gruyère
C’est quasiment certain, le jour où l’on aura enfin compris pourquoi se forment inopinément des trous intempestifs dans le gruyère ainsi que dans quelques autres fromages cuits, l’espèce humaine aura accompli une fois encore un inestimable progrès qui laissera une trace indélébile dans les futurs siècles de siècles. Mais il n’en est pas moins vrai que ce sont essentiellement les champions du ballon rond et quelques grandes vedettes des parties de jambes en l’air qui continueront à entrer dans la légende. Il est fort probable enfin que les poules continueront à n’avoir pas de dents.
Canard
Tronchedigne a voulu toute sa vie casser trois pattes à un canard. Mais l’imbécile, après avoir cherché la troisième sans discontinuer pendant des années, n’a jamais su la trouver.
Progrès
Voyez-vous, mon bon Monsieur, ce n’est pas le progrès qui est en cause, c’est la manière de s’en servir.
Soupe
Ne crachez pas trop tôt dans la soupe.
Vous ne pouvez savoir aujourd’hui ce que vous serez peut-être amené à avaler demain.