photo de couverture et photos de chapitres: Jean-Marc Angelini (sauf mention contraire)
Une créature de rêve
Elle naquit vers l’age de trente ans dans le rêve d’un insomniaque qui, pour une fois, s’était endormi d’un sommeil profond.
D’emblée, ce fut l’amour-passion.
De part et d’autre.
Et puis soudain, un bruit réveilla le dormeur, le replongeant dans sa réalité quotidienne.
Alors, il cherche désespérément le sommeil, afin de retrouver la femme dont il s’était si follement épris.
En vain.
Elle, depuis cette nuit-là, erre sans fin dans les espaces, ombre légère, im-perceptible, à la recherche du songe pour y reprendre sa place.
Illustration par André Appert
Quelle époque formidable !
Vous me croirez si vous voulez, on m’avait toujours dit que les poules adoraient le maïs. Alors je me demande bien pourquoi on les gave de farine de poisson… D’autant qu’on nous affirme à tout bout de champ qu’il y a de moins en moins de poissons, et qu’autant que je sache, il n’est pas plus difficile qu’autrefois de cultiver du maïs.
Non, mais…
Alors, résultat, non seulement les poules se sentent des mal aimées, mais encore, quand le marchand de volailles les fait rôtir dans la rue des Improbables, sur le trottoir, dès potron-minet,cela sent devant chez lui, et bien au-delà , la chair de poule mouillée mâtinée de maquereau. Un vrai régal de chat, peut-être , mais ça, comme nous ne sommes pas à leur place, on ne peut pas réellement le savoir.
J’entendais l’autre jour la sous-préfète confier à une maraîchère que laissant par temps chaud ses fenêtres ouvertes, lorsqu’elle reçoit ses amies pour la partie de bridge, l’après-midi , dans son boudoir, ça sent vous savez quoi ? la morue. Ça sent la morue, Mesdames et Messieurs. Et il est à craindre que nous approchions des temps où la morue sentira le maquereau,où le maquereau sentira la poule, où la poule sentira la sous-préfète et où la sous-préfète sentira la maquerelle.Et par dessus le marché, il est des moments où moi-même je ne me sens plus très bien, surtout parmi ces relents poissonneux qui rôdent à l’entour dès les premières lueurs de l’aube.
Mais qu’importe, ne nous plaignons pas, nous vivons quoi qu’il en soit, une époque formidable.
Formidable, c’est le mot.
Illustration live par Stéphanie Hamel-Grain
Quoi de neuf ?
Bientôt une nouvelle rubrique …
Fausse maigre et fausse grosse
Elena, artiste installée à Nice, nous livre sa vision du monde des fausses maigres,
accompagnées de leurs alter egos, les fausses grosses,
monde librement inspiré de celui de Jean-Louis Layrac.
A la lecture du site de monsieur Layrac, la fausse grosse et la fausse maigre m’ont inspirée, ainsi que quelques phrases que lui et moi avons écrites quelque part: mettre la tête à l’envers, pour ne pas perdre le nord ni le sud, prendre racine et se prendre pour un arbre. Ces éléments et d’autres m’ont permis d’imaginer un château de cartes et une forêt de cartes qui sont le royaume de la fausse grosse et de la fausse maigre, êtres caméléons qui se camouflent dans leurs paysages. La fausse grosse et la fausse maigre sont semblables et différentes, faites de la même façon mais autrement.